Le collectif Bonus participe de façon active à la sensibilisation des publics au travail de création des artistes et à la diversité des démarches artistiques dans le domaine des arts visuels. Il s’agit de favoriser le dialogue, d’encourager la curiosité, l’expérimentation et d’ouvrir des pistes de réflexion.

Nous accueillons et organisons régulièrement des temps privilégiés de rencontre entre artistes et publics, des visites d’ateliers, des conférences, des ateliers de pratiques artistiques avec des scolaires, des centres de loisirs…

Médiation

01.11.22

Collège Paul Langevin Couëron

4èmes organisé par Anaïs Lapel encadré par Collectif Bonus

« Relire Relier », un projet d’éducation artistique et culturelle par Anaïs Lapel

Anaïs Lapel propose à une classe de 4ème du collège Paul Langevin une relecture de l’introduction des Dépossédés, d’Ursula Le Guin. En trois séances ils ont mis en image, mis en page, puis ont imprimé et façonné ensemble un livre d’artiste collectif. Ces ateliers ont été réalisés dans le cadre (…)

Anaïs Lapel propose à une classe de 4ème du collège Paul Langevin une relecture de l’introduction des Dépossédés, d’Ursula Le Guin. En trois séances ils ont mis en image, mis en page, puis ont imprimé et façonné ensemble un livre d’artiste collectif.

Ces ateliers ont été réalisés dans le cadre des EAC département

Médiation

09.02.23 — 25.02.23

Atelier 8, l'îlot des iles 36 Mail des Chantiers (en face de la grue jaune) 44200 Nantes

encadré par le Collectif Bonus

Texte critique de Pascal Marquilly pour l’exposition « Marquer son territoire » de Matthieu Husser

Entre le 17 mars 2020 à midi et le 10 mai 2020 à minuit, une batterie de restrictions de déplacement contraignait la population française. L’une d’entre elle, la plus emblématique, le fameux rayon d’un kilomètre autour du domicile concédant des déplacements brefs d’une heure quotidienne, fut marquée au sol à (…)

Entre le 17 mars 2020 à midi et le 10 mai 2020 à minuit, une batterie de restrictions de déplacement contraignait la population française. L’une d’entre elle, la plus emblématique, le fameux rayon d’un kilomètre autour du domicile concédant des déplacements brefs d’une heure quotidienne, fut marquée au sol à la craie par Matthieu Husser. Il s’agissait probablement pour l’artiste de manifester sa désapprobation et un certain agacement. Mais il lui était assurément nécessaire d’éprouver physiquement la contrainte. Marcher chaque jour dans cet espace circonscrit ne suffisait pas, il fallait le délimiter et signifier cette frontière absurde. Il fallait conjurer l’interdit.

Matthieu Husser entretient une relation singulière à la géographie d’une ville, qui passe principalement par le fait de la parcourir de long en large, à pied ou à bicyclette. Que ce soit à Strasbourg, Berlin, Lille ou Nantes, il n’a de cesse d’explorer les coins et les recoins de l’urbanisation galopante, à croire qu’il court après. Il expérimente la ville par des déplacements incessants et répétitifs, en martelant les pavés, comme s’il cherchait à tracer de nouvelles voies sous ses pas, ou une cartographie dont il serait le seul destinataire, ou du moins qui ne se révélerait qu’à ses yeux. Que ce soit lorsqu’il déambule au hasard, ou qu’il effectue au préalable un repérage sur carte, il tente de saisir les mutations urbaines, de les faire siennes. Il habite la ville en l’arpentant, en posant des balises sensibles qui lui feront prendre telle ou telle direction, s’arrêter ci ou là et goûter toute la singularité des lieux. Il se rendra volontiers au chevet des espaces en transition, des dents creuses, des friches tout autant qu’il sera particulièrement attentif à quelques graffitis ou symboles décatis subsistant sur une façade bientôt rénovée ou abattue. Son attention se portera avec la même intention sur la pierre d’un château fort que sur le béton d’un bloc anti-intrusion, les renvoyant dos à dos. Ces différents éléments distinctifs de l’environnement urbain entrent immédiatement en corrélations avec sa démarche, qui pourrait se qualifier comme une archéologie ludique, comme un jeu formel entre passé et présent, entre modalités de représentations et de distinctions convoquant tout autant l’héraldique que les logotypes. Il opère indéniablement à travers sa démarche une translation des signes, comme autant de transitions urbaines, qu’il aura alors à cœur par la suite de documenter et de signifier.

Depuis la vague d’attentats ayant frappée Paris ou Nice, les métropoles européennes se sont dotées d’une armada de systèmes de sécurisations contraignant fortement les circulations. Des blocs massifs de béton disséminés un peu partout font désormais partie intégrante du paysage urbain. Ils se sont d’ailleurs étonnamment fondus dans le décor, tant leur fonction défensive peut parfois en être détournée par les citadins qui s’en sont emparés. On s’y assoit, on y mange, on y lasse ses chaussures, on saute par-dessus, on gribouille leur surface, etc. Si l’on rapporte ses parallélépipèdes bétonnés au château des Ducs de Bretagne, il s’opérera une étrange analogie qui n’a pas échappé à l’artiste. Tout autant que la forteresse devait défendre la ville à partir du XIIIe siècle, devenant aujourd’hui un musée, un monument historique dépourvu de toute charge militaire, la tâche première des blocs anti-intrusion ou anti-bélier semble s’amenuiser à l’usage. Peut-être que ceux-ci pourraient se confondre à terme avec des sculptures urbaines, ou des vestiges d’un autre temps. Il se pourrait qu’ils soient les traces d’une antique citadelle démontée pierre par pierre puis éparpillée dans la ville, rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme nous dit la maxime. La sculpture (Sans titre, bloc anti-intrusion, 2022) figurant ces fameux blocs comme s’ils étaient réalisés du même granit que celui des murailles du château des Ducs de Bretagne interroge directement les notions de monument, de mobilier urbain, de sculpture publique. L’œuvre, par un jeu de faux-semblant et de transfert d’attribut, questionne aussi l’identité même de la ville passant à travers ses strates historiques et contemporaines, à travers ses transformations, ses évolutions, ses modalités d’usages, ses rôles et ses positions au fil du temps, comme si elle en forçait la mémoire, comme si elle en était le passe-muraille. Par ailleurs, il y a là une ironie toute enfantine à reproduire ces obstacles empêchant la libre circulation pour quelqu’un qui a fait de celle-ci son propre paradigme.

Les remparts du château de François II de Bretagne, qui ordonna la rénovation complète de l’édifice, se sont glissés dans une autre dimension à la suite des marches prospectives de Matthieu Husser dans les rues de Nantes. Il remarqua que de nombreux graffitis représentant des 44, code postal du département de Loire – Atlantique, émaillaient les murs de la ville. Ainsi ce nombre lui aussi sculpté et patiné comme s’il était fait de la même matière que le château ducal, rappelle d’une part les inscriptions identitaires cités plus haut mais fait aussi référence aux anciennes armoiries qui distinguaient une famille noble ou une collectivité. Hier différents emblèmes symboliques caractérisaient une appartenance à un territoire, aujourd’hui un simple nombre rempli le même office. On peut légitimement s’interroger sur cette paupérisation des signes, ou du moins sur leur réduction, passant outre les valeurs de pouvoir ou de puissance qu’ils pouvaient recouvrir aux plus belles heures des écus. Peut-être est-ce ici une tentative de donner corps à cette classification administrative pour mieux la ramener à une dimension symbolique. Peut-être est-ce une tentative de donner à voir des histoires, de celles que l’on se plairait à imaginer au détour d’une ruelle pour peu que l’on se laisse surprendre.

Les œuvres présentées pour cette exposition captent des instants de ville(s) qui sont mis à l’épreuve du temps, soumis à la question parfois. Elles esquissent une sorte d’atlas archéo-sensible ou chaque reproduction symbolique des cités explorées se propose comme les jalons d’une exploration urbaine. Que ce soit la réplique du logotype de la région Pays de la Loire qui dialogue ici avec son espace de représentation, ouvrant ses parenthèses face à la mer, ou encore l’implantation des pictogrammes annonçant des monuments à l’échelle de l’Europe (Les monuments, 2007 – 2019), elles proposent une aventure dont le décor urbain est répliqué puis mis en situation pour en activer les ressorts.

Ainsi vont les villes, qui si elles n’y prennent garde, s’abîmeraient dans une posture de façade pour mieux dissimuler leur imposture.

Pascal Marquilly, novembre 2022.

Médiation

01.11.22

organisé par Ariane Yadan encadré par Collectif Bonus

« Nos anges », un projet d’éducation artistique et culturelle par Ariane Yadan

La figure de l’ange apparaît régulièrement dans le travail d’Ariane Yadan et dans l’art depuis des millénaires. Ariane présente à la classe sa pratique de la photographie en polaroid. En partant de l’observation des polaroids d’Ariane et d’une sélection d’anges dans l’art, les élèves sont invités à créer leur propre (…)

La figure de l’ange apparaît régulièrement dans le travail d’Ariane Yadan et dans l’art depuis des millénaires. Ariane présente à la classe sa pratique de la photographie en polaroid. En partant de l’observation des polaroids d’Ariane et d’une sélection d’anges dans l’art, les élèves sont invités à créer leur propre ange en commençant par fabriquer des ailes.

L’enjeu final est que chaque élève, en groupe ou seul puisse créer et imaginer en photographie, un ou des anges avec leurs propres individualités, histoire et fonction. Le travail d’écriture se poursuivra avec l’enseignant associé au projet.

Ces ateliers ont été réalisé dans le cadre des EAC Département.

Médiation

07.10.22 — 30.10.22

Atelier 8, l'îlot des iles 36 Mail des Chantiers (en face de la grue jaune) 44200 Nantes

encadré par le Collectif Bonus

Texte critique pour l’exposition « Noui » d’Elsa Ferry

Noui est un dialogue érotique, compulsif, créatif inspirant une interprétation sonore et une transposition gestuelle – une réflexion sur le rythme et l’expression corporelle. La création sonore s’entend comme une joute verbale survoltée, inextricable, à la fois réjouissante et tourmentée. Elle convoque des registres de langage cru, soutenu ou théâtralisé. (…)

Noui est un dialogue érotique, compulsif, créatif inspirant une interprétation sonore et une transposition gestuelle – une réflexion sur le rythme et l’expression corporelle.

La création sonore s’entend comme une joute verbale survoltée, inextricable, à la fois réjouissante et tourmentée. Elle convoque des registres de langage cru, soutenu ou théâtralisé. Les protagonistes évoluent sur le fil du rasoir, dans la friction de leurs stratégies d’existence.

La vidéo-danse propose une expérimentation commune où le/la chorégraphe est un être composite : le dialogue, l’interprétation sonore, la plasticienne et les deux danseurs. Le duo restitue les gestes, souffles et sons inspirés par le dialogue de la création sonore en y intégrant l’expérience chorégraphique improvisée.

Le titre de l’exposition traduit la tension du dialogue, Noui, un non-oui, une neutralisation du choix, une coexistence des pulsions et de la réflexion.

La création sonore et la vidéo ne sont soutenues par aucun effet de transition (musique, ponctuation sonore) au-delà des fondus et des intermèdes.
Leur traitement reste relativement brut, en résonance avec l’angle cru du dialogue. Les deux objets sont dissociés de la même source, le dialogue écrit Noui. Leur partition sollicite des ressources distinctes et permet une attention en deux temps : la vidéo convoque l’animalité, la folie et le geste enfantin, la création sonore est habitée par l’intellectualisation et la pulsion sculptée par le langage. Les deux sont porteuses de trouble, de lutte et de paradoxe.

L’exposition est complétée par un volume craquelé évocateur des motifs du dialogue Noui : tension, résistance, fissuration, sécheresse.

Elsa Ferry

 

Médiation

10.03.23 — 25.03.23

Atelier 8, l'îlot des iles 36 Mail des Chantiers (en face de la grue jaune) 44200 Nantes

encadré par le Collectif Bonus

Texte critique de Katia Porro pour l’exposition « Pluie acide » d’Élise Legal et Léa Guintrand

Gribouiller signifie tout le spectre des émotions évidemment négatives ← Aussi : ce qui ne peut pas être dit.1 – Amy Sillman Parlons de la chute, et non pas de la fin, car c’est cet entre-deux qui m’excite. Ce genre d’excitation épuisante, comme une fissure dans le temps, où l’avant (…)

Gribouiller signifie tout le spectre des émotions évidemment négatives ← Aussi : ce qui ne peut pas être dit.1 – Amy Sillman

Parlons de la chute, et non pas de la fin, car c’est cet entre-deux qui m’excite. Ce genre d’excitation épuisante, comme une fissure dans le temps, où l’avant et l’après ne riment à rien. L’excitation d’être lost in translation, parfois frustré·e, mais toujours sur le point de déchiffrer quelque chose. Ni début, ni fin (bien qu’il y en ait toujours une), mais un chevauchement du temps, des émotions et des langues.

C’était le rêve de Barthes2 de connaître une langue étrangère et de ne pas la comprendre3. Mais considérons le contraire. N’y a-t-il pas une certaine excitation à comprendre une langue étrangère sans la connaître ? À utiliser des signes pour bricoler du sens, construire peu à peu son propre vocabulaire, ne jamais vraiment tout savoir, mais être capable de percevoir l’essence d’une chose, ou de la chose que l’on veut comprendre ? Devant les œuvres d’Élise Legal et de Léa Guintrand, nous sommes confronté·es à une langue étrangère inconnue et pourtant saisissable, malgré le doute qu’elle suscite. Un chaos composé entre douceur et colère, succès et échec, ponctué d’images à la fois étranges et familières. On distingue certains symboles – des cœurs, des taches de frustration – et scénarios – une canicule sans fin, un souvenir d’été – mais la zone grise entre voir la vie en rose et voir tout simplement rouge est toujours présente. Il y a quelque chose de doux-amer là-dedans, comme la promesse de la pluie acide.

« Quelque chose de raturé ou de gribouillé [est un] acte volontaire d’effacement, de colère, de négation, de dégoût, de haine ; embarras, honte ou désir de rendre invisible ou d’oblitérer4 » écrit Amy Sillman. Pourtant, ici, il ne s’agit pas seulement d’un échec ou d’émotions négatives, mais aussi de quelque chose qui ne peut tout simplement pas être dit. Car même si les œuvres évoquent un désir de communiquer, on ressent une incapacité à le faire, sur le plan linguistique. Il s’agit, peut-être (pour accueillir le doute, les bras grands ouverts), d’une question de l’efficacité dans un monde pris par l’accélération.

Élise écrit, surtout des poèmes, brefs et efficaces. «…au crépuscule / je suis d’un calme à faire marcher l’assurance…5 ». Léa réalise des vidéos, brèves et efficaces, elles aussi, qui suivent souvent ses sujets dans des paysages inquiétants qui deviennent peu à peu secondaires. Mais si Léa choisit l’image fixe ici, c’est pour donner lieu au trait mouvementé d’Élise. L’efficacité se révèle ainsi à travers des rencontres sans paroles. Les dessins et les clichés ne doivent donc pas être confondus avec du small talk6 improvisé – l’improvisation étant parfois une technique maladroite ou inefficace. Ils sont le fruit d’un travail de longue haleine, et un tissage des langues différentes pour en créer une nouvelle.

On pourrait dire que dans ces œuvres, deux univers s’entrechoquent. L’un plus silencieux, sérieux, l’autre plus tumultueux, vibrant. Mais chaque geste est à lire sur le même registre. Une certaine difficulté et un malaise se lisent dans ces deux mondes, ainsi qu’une élégance et une émancipation à l’assumer. Comme un rire nerveux qui ponctue la fin des phrases d’une personne jamais tout à fait sûre de ce qu’elle dit. Les assemblages d’Élise et Léa peuvent être entendus de la même manière : des images resserrées et précises, interrompues par des éclats de rire nerveux qui célèbrent la chute, et non pas la fin.

 

Katia Porro

 

1 Amy Sillman, Faux Pas: Selected Writings and Drawings, Paris, After 8 books, p. 115. Traduit de l’anglais “(Scribbling out means the full spectrum of obviously negative emotions-) ← Also: what can not be said -?!”
2 Je pourrais citer le texte de Barthes sur l’œuvre de Cy Twombly ici, mais cela serait trop facile.
3 Roland Barthes, L’Empire des signes, Éditions du seuil, p. 8 “Le rêve: connaître une langue étrangère (étrange) et cependant ne pas la comprendre”
4 Amy Sillman, Faux Pas: Selected Writings and Drawings, Paris, After 8 books. Traduit de l’anglais : “Something scratched out or scribbled over – willfull act of erasure, anger, negation, disgust, hate; embarrassment, shame, or a wish to make invisible or to obliterate.”
5 Extrait du poème “Obscur” d’Élise Legal
6 Bavardages

 

Curatrice, critique et traductrice américaine, Katia Porro a obtenu un master en l’histoire du design de Parsons Paris. Après ses études, elle a occupé des postes dans diverses institutions artistiques et galeries (Galerie Allen, KADIST Paris, Palais de Tokyo) et a assuré le commissariat d’expositions en France et à l’étranger (Fondation d’entreprise Ricard, Paris ; Gether Contemporary Copenhagen ; Doc !, Paris ; Treize, Paris ; monopôle, Lyon). En 2020-2021, elle a été Associate Director de la résidence Amant Siena. Depuis 2021, elle est directrice artistique d’In extenso (Clermont-Ferrand) et rédactrice en chef de La belle revue.

Née en 1991, Léa Guintrand habite et travaille à Montreuil. Elle est diplômée en 2017 de l’ENSBA Lyon. Au cours de ses études elle réalise un stage dans une entreprise publicitaire, en lien avec sa recherche sur la construction et le marketing des images. Sa pratique s’oriente vers l’installation mêlant photographie et vidéo.
Elle obtient une bourse de la région Île-de-France (FoRTE) en 2021. Son travail a été présenté à l’occasion de l’ouverture des réserves du frac Île-de-France (2021) au Centre Photographique Marseille (2021), à la Fondation Ricard à l’occasion du Bal Jaune (2018).

Elise Legal est artiste et écrivaine. Diplômée des Beaux-Arts de Lyon elle est actuellement en résidence aux ateliers Bonus de la Ville de Nantes. À travers une pratique qui croise le dessin et l’écriture, elle porte une attention particulière à la manière dont le langage et le corps coexistent. Elle est inscrite en première année de thèse en recherche-création au sein de l’université Paris 8. Son premier recueil de poèmes « Stray Dog » est publié auprès de la maison d’édition londonienne Ma Bibliothèque. Son prochain livre qui mêlera récits personnels et analyses politiques paraîtra bientôt chez Même pas l’hiver. Elle a eu l’occasion de présenter son travail à la galerie gb agency (Paris), Sabine Knust Gallery (Munich), Graves Gallery Museum (Sheffield).

 

Médiation

03.07.22 — 24.07.22

Atelier 8, l'îlot des iles 36 Mail des Chantiers (en face de la grue jaune) 44200 Nantes

encadré par le Collectif Bonus

Texte critique d’Ilan Michel sur l’exposition « Si mer la lune » de François Dufeil

Les pieds sur terre et la tête dans les étoiles, François Dufeil a le goût de l’aventure et la furieuse envie de conduire l’exploration jusqu’au bout. Quand l’artiste se lance dans un projet, il est loin d’imaginer toutes les épreuves qu’il devra traverser. Formé en génie climatique auprès des Compagnons (…)

Les pieds sur terre et la tête dans les étoiles, François Dufeil a le goût de l’aventure et la furieuse envie de conduire l’exploration jusqu’au bout. Quand l’artiste se lance dans un projet, il est loin d’imaginer toutes les épreuves qu’il devra traverser. Formé en génie climatique auprès des Compagnons du Devoir et du Tour de France avant de s’inscrire à l’École des beaux-arts d’Angers, puis à l’École des Arts Décoratifs de Paris, le poète-ingénieur part toujours d’une question pratique : fabriquer un instrument à percussions, un tour de potiers, un tamis à sérigraphier… autant de sculptures-outils qui reposent sur la mécanique des fluides. Cependant, au lieu de remobiliser les recettes traditionnelles, François Dufeil choisit l’option B, celle un peu plus hasardeuse, celle qui a été laissée de côté, et dont il est le premier surpris.

En 2020, il découvre les plans du bélier hydraulique conçue en 1792 par Joseph- Michel Montgolfier (plus connu pour l’invention du ballon à air chaud). Cette pompe offre l’avantage de puiser l’eau par la simple pression de l’air, un clapet anti-retour empêchant le flux de revenir en arrière. Le système, qui fonctionne grâce à l’énergie motrice de la différence de niveaux, permet de refouler le liquide de façon continue à 10 mètres de hauteur grâce à une onde de choc. Ce principe, peu exploité en raison de son faible rendement (70 % de l’eau est perdue), répond pourtant à nos besoins en énergie dans une veine écologique. Nul besoin d’électricité, d’essence ou de force humaine pour mettre en branle la machine. La microédition qui accompagne l’exposition démontre ce potentiel presque magique révélé par la sculpture. Un petit mode d’emploi est suspendu aux structures de tiges de fer qui soutiennent ces nombreux prototypes. L’ouvrage élaboré par le graphiste Cédric Pierre est enveloppé dans une couverture couleur de lune argentée recouverte par une passe de risographie jaune évoquant une ligne de flottaison.

Lors de sa résidence à Bonus l’hiver dernier, inspiré par la force des marées, l’artiste s’est aventuré à réinterpréter le système de façon artisanale, en faisant usage de matériaux insolites : le plâtre, la faïence ferrugineuse, le verre, le béton, la cire d’abeille…et même la vase des bords de Loire. L’artiste dit souvent que « la technique [l’] a dépassé » dans son désir de « tenir la forme impossible ». Faire passer une forme à une autre est le fondement de ces sculptures qui ne sont pas des objets finis, malgré la qualité de leur réalisation, mais les états d’une recherche qui laisse l’œuvre ouverte. Le moule est donc au centre du processus. En plâtre, silicone ou en résine, il n’est pas toujours visible. En tout cas, on ne sait pas si le résultat présenté sous nos yeux en est la matrice ou le tirage. Récolter, forger, mouler, poncer sont les gestes du sculpteur, mais tous les matériaux ne réagissent pas de la même manière. Certains, comme le verre thermoformé, nécessitent de faire appel à des techniciens spécialisés – l’entreprise Arcam Glass, à Vertou, par exemple.

Le projet initial de cette résidence consistait à créer un bélier hydraulique limoneux et à le faire fonctionner avec l’énergie des marées. D’où le titre de cette exposition dont le verlan – Si mer la lune – souligne les énergies océaniques qui remontent l’estuaire par le pouvoir de l’astre nocturne. Ce point de départ a poussé l’artiste à recouvrir de vase les murs immaculés de l’espace d’exposition. Projetée grâce à une machine à crépir, la substance visqueuse renverse le territoire à la verticale jusqu’à submerger le spectateur. Cette subite montée des eaux est certes un geste téméraire mais surtout plein d’audace : proposer enfin de sortir de la boîte blanche ! Les niveaux créés par ce drôle d’enduit, autant que la texture fangeuse, suggèrent avec délice qu’il a fallu se traîner dans la boue pour, peut-être, en « faire de l’or », selon l’ambition du poète Charles Baudelaire. Si les savoir-faire artisanaux et les ressources locales sont mis au service des recherches plastiques, ils participent ici d’une nouvelle utopie : exhumer des procédés oubliés par l’histoire des sciences à l’ère des technologies de pointe, mais surtout faire de la sculpture un bagage léger sans cesse métamorphosé par les matières du paysage.

Un texte d’Ilan Michel

Médiation

10.11.22 — 27.11.22

Atelier 8, l'Îlot des Îles 36 Mail des Chantiers (en face de la grue jaune) 44200 Nantes

encadré par le Collectif Bonus

Texte critique de Adélie Le Guen pour l’exposition « Chubby Club » de Clélia Berthier

La souplesse et la flexibilité, mais aussi l’inconstance et l’instabilité ; le talent de se créer une nouvelle apparence, mais aussi le génie de s’en défaire ; la capacité métamorphique par excellence. (Catherine Malabou, La plasticité) L’exposition Chubby club est pensée par l’artiste et commissaire d’exposition Clélia Berthier qui fait (…)

La souplesse et la flexibilité, mais aussi l’inconstance et l’instabilité ; le talent de se créer une nouvelle apparence, mais aussi le génie de s’en défaire ; la capacité métamorphique par excellence.
(Catherine Malabou, La plasticité)

L’exposition Chubby club est pensée par l’artiste et commissaire d’exposition Clélia Berthier qui fait de la nourriture et de l’organique ses médiums de prédilection. Chubby signifie potelé, joufflu. Des qualificatifs qui caractérisent les formes rondes et pleines des œuvres qu’elle présente à l’Atelier 8. Particulièrement inspirée par les thèmes du repas, de la digestion et de l’estomac, Clélia Berthier a rassemblé quelques unes de ses pièces en dialogue avec celles de Pierre Boggio, Marine Brosseau, Clovis Deschamps Prince, Planète Copains, Michaela Sanson-Braun, Dārta Sidere, Loona Sire et Alban Turquois pour un grand festin hybride.

Dès l’entrée, les sens sont saisis par les odeurs de friture et de brûlé. Des chips de riz et des objets sont disposé.e.s sur une table de banquet en fer à béton et un plateau en croûte de sel brûlé. Alban Turquois propose notamment de servir un cocktail dans des peaux d’orange séchées, le tout sur un tablier alvéolé en silicone. Le service de cuillères en céramique de Pierre Boggio se mélangent aux cuillères de Clovis Deschamps Prince remplies d’écumes de pain grillé. La plus grande d’entre elles, posée à l’extrémité d’une table, contient pour sa part du beurre qui sert à agrémenter le pain fougasse suspendu par une chaîne. Au sein de cette dynamique de partage où chacun.e est invité.e à déchirer, à même la structure, un morceau de ce pain brioché, Planète Copains, lui, a imaginé Le Solitaire, un minuscule barbecue pour une mono-saucisse de six mètres de long réchauffée et offerte lors du vernissage. Proches des repas organisés en galeries et musées par Rirkrit Tiravanija (né en 1961), c’est finalement la relation qui est à l’œuvre.

Mais ne nous y trompons pas complètement, la convivialité du repas côtoie parfois le dégoût et le repoussant, l’attirance et la répulsion, une esthétique particulièrement saisissante qui rejoint celle de Martin Parr (né en 1952) dans sa série photographique, Des Goûts. Environnant cette curieuse tablée, des œuvres à l’esthétique informe attirent l’attention : la Serpentine de Dārta Sidere ressemble à un intestin et a été dissoute, « digérée », par un produit abrasif. Le mur de Clélia Berthier crée matériellement la confusion : barbe à papa, laine de verre isolante, fragment de chaire ou paroi de
l´organisme ? Exposé tel un trophée, le curieux sandwich au pâté de Michaela Sanson-Braun, réalisé à partir de tranches de pain de mie et d’un socle en marbre, joue avec humour de la fast food et des matériaux nobles.

Le vernissage sert d’instant décisif à la vie de l’exposition Chubby club qui en gardera les traces, les vestiges. Là où la pratique voulait que les artistes enduisent leurs peintures d’une couche de vernis la veille de l’ouverture au public, Clélia Berthier, elle, a enveloppé la photographie d´un ventre réalisée par Loona Sire et un rideau en fibre de verre, d’une couche de riz soufflé suintante, ainsi que des gobelets coniques avec de la cire d’abeille. À plusieurs reprises, elle plonge aussi ses chips dans la friture. L’artiste, tout en s’amusant des réactions physico-chimiques de ses matériaux, cherche à créer une cuisine libre. A l’image de son mur de pain cuit piégé et débordant des alvéoles de brique, ces installations créent la confusion entre le consommable et l’œuvre, entre la dégustation et la tentation.

Les sculptures témoignent d’une recherche plastique accidentelle souvent effectuée par un processus de cuisson. A la fois repas au restaurant, offrande et geste créateur, l’exposition et les œuvres évoluent sans cesse, avec surprise. Ces rencontres matérielles, choisies pour leurs capacités polymorphiques, sont le lieu de transformation ou de transmutation. L’animation de Marine Brosseau en est un bon exemple : s’inspirant du rôle précieux des abeilles ventileuses lors de l’élaboration du miel, la vidéo est projetée sur une surface de cire, sur laquelle repose… un tas de miel. À déguster, bien entendu.

Reprenant la notion de « moment de forme » d’André Souris, ces œuvres se créent par leur activation et ce, chaque jour d’ouverture. Elles disparaissent, mangées ou bues, pour s’achever inévitablement dans la digestion. Tout est affaire de corps : cycle et mue, enveloppe et peau, plasticité et viscères. On sent poindre l’influence post-minimaliste de l’artiste Eva Hesse (1936-1970), allant d’excroissances en excroissances. Clélia Berthier nous montre notre intérieur et la façon dont, quelque part, nous nous mangeons soi-même.

Finalement, tous ces moments de forme, de partage et de rencontres entre les matières, le public et la nourriture, sont les prétextes à cette fabuleuse chose de la vie : manger.

Un texte d’Adélie Le Guen

Médiation

01.11.22

École André Lermite, Collège Saint Joseph

CE1, 6èmes organisé par Louise Porte encadré par Collectif Bonus

« Dessins Dansés Dansants », un atelier d’éducation artistique et culturelle par Louise Porte

L’artiste Louise Porte a proposé des ateliers pédagogiques sur le dessin et la danse. Le geste disparaît, la trace reste. Les élèves commencent par des échauffements de danse, pour ensuite dessiner le mouvement de leurs gestes. Une fois ces gestes dessinés, ils en font des gravures, afin de pouvoir réaliser (…)

L’artiste Louise Porte a proposé des ateliers pédagogiques sur le dessin et la danse.

Le geste disparaît, la trace reste. Les élèves commencent par des échauffements de danse, pour ensuite dessiner le mouvement de leurs gestes. Une fois ces gestes dessinés, ils en font des gravures, afin de pouvoir réaliser des affiches, qui deviendrons des partitions de danse. Celles-ci crééent une boucle, et permettent de danser de nouveau, guidés par les images qui ont été composées.

Ces ateliers sont réalisés dans le cadre des EAC département.

Médiation

01.01.23

Nantes

CE1, CE2, CM2 organisé par Aline Brugel encadré par le Collectif Bonus

« Écriture & Mouvement », un projet d’éducation artistique et culturelle par Aline Brugel

Le projet d’Aline Brugel « ÉCRITURE & MOUVEMENT » amène les élèves par le biais du dessin et de l’écriture à conscientiser l’ampleur de leurs mouvements et leurs prises d’espaces. Inversement, conscientiser le corps leurs permet de réaliser des dessins et des écritures prenant une toute autre dimension. Les entrées dans le projet (…)
Le projet d’Aline Brugel « ÉCRITURE & MOUVEMENT » amène les élèves par le biais du dessin et de l’écriture à conscientiser l’ampleur de leurs mouvements et leurs prises d’espaces. Inversement, conscientiser le corps leurs permet de réaliser des dessins et des écritures prenant une toute autre dimension. Les entrées dans le projet sont la matière (feuille et crayon) / le corps / la lumière (par la technique photographique du light painting).

Les écoles ayant accueillies de ces ateliers sont l’école Fellonneau et l’école Gustave Roch, dans le cadre de l’EAC ville de Nantes.

Médiation

01.06.22 — 25.06.22

Atelier 8, l'îlot des iles 36 Mail des Chantiers (en face de la grue jaune) 44200 Nantes

encadré par le Collectif Bonus

Texte critique de Pascaline Vallée sur l’exposition « Le soleil se couche au Nord-Ouest » de Caroline Bron

« Le Nord-Ouest est l’indication cardinale du soleil couchant au solstice d’été. Repère temporel de la mi-année, le titre de cette exposition vient comme un marque page, glissé entre jour et nuit. Une carte postale un peu surannée qui nous expédierait dans une brèche de temps. S’étirant d’entre des antagonistes, de (…)

« Le Nord-Ouest est l’indication cardinale du soleil couchant au solstice d’été. Repère temporel de la mi-année, le titre de cette exposition vient comme un marque page, glissé entre jour et nuit. Une carte postale un peu surannée qui nous expédierait dans une brèche de temps. S’étirant d’entre des antagonistes, de la lumière et de l’ombre. Telle une photographie en noir et blanc dont on aurait trop poussé les contrastes, pour laisser la place à des tonalités assourdies. Les mots du féminin s’y déploieraient. Activités entre négatif et positif comme les valeurs intermédiaires d’un clair obscur. Et le rouge, ardent, viendrait comme un signe de ponctuation. Respiration fugace. Entre la ligne et le point. » C.B.

 

LES MOTS EXISTENT.

Les mots sont très présents dans le travail de Caroline Bron et y endossent plusieurs statuts. Qu’ils soient issus d’écritures libres demandées à des connaissances autour de son projet d’exposition, de textes poétiques ou de ceux écrits au dos d’une carte de vacances, discrètement, l’artiste réactive ces paroles perdues ou censurées dans ses performances et ses sculptures. Pourtant, les phrases citées sont rarement totalement lisibles : l’artiste ne restitue pas des idées, elle rend leur existence manifeste. Devenues objets, mises en sculptures, elles surgissent par bribes, investissent l’espace en nuées et en fils immenses, comme suggérant leur lecture empêchée. La mémoire et l’oubli irriguent son travail. S’il est le plus souvent en noir et blanc, c’est pour mieux évoquer la dualité du souvenir, à la fois présence et disparition. La plupart du temps, ses pièces prennent pour point de départ une forme, trouvée, dont elle effectue un moulage ou un recouvrement avec du plâtre. Ces traces de vécu, auxquelles on ne prête plus tellement attention, perdues dans les méandres du temps et sous l’accumulation des objets, deviennent entre ses mains des supports narratifs.

Quand le jour est sur le point de disparaître et que la nuit arrive, de quoi peut-on être sûr? Se glissant dans cette interstice, l’exposition ouvre un entre-deux. Entre rêve et réalité, entre histoire entendues et collages imaginés, une nouvelle narration prend forme. Nous sommes dans le domaine de la fiction, comme en témoigne la chaise de scénariste de l’installation Le Mot tire double. Un univers où les histoires ne demandent qu’à prendre la forme que nous voudrons leur donner. Le pistolet dissimulé parmi les pelotes est-il chargé ? Parviendra-t-on à retrouver les idées des philosophes grecques censurées ? Des jarres entrouvertes, on ne sait pas si les mots- pulsation des poétesses beatniks s’échappent ou s’ils vont bientôt se rétracter comme le génie de la lampe. Le corps lui-même est poétique, matériellement absent mais partout suggéré.

Au sein de cet univers fictionnel, le plâtre est le matériau de prédilection. Utilisé aussi bien par les artistes que par les archéologues, il renvoie à l’empreinte, notion qui traverse la pratique de Caroline Bron. Il permet d’inventorier les formes mais aussi de les combiner pour créer nouveaux sens ou anachronismes. Aussi figé que fragile, il est l’agent d’une muséification précaire. Il préserve sa forme et son existence mais peut s’émietter à tout moment. À moins que l’objet qu’il renferme n’ait déjà disparu ? Car le plâtre matérialise, aussi, le passage du temps. Il témoigne de son modèle autant qu’il en révèle l’absence.

Par ses action de préservation ou d’altération, Caroline Bron souligne à la fois la menace permanente de la perte et l’infinité des existences possibles.

 

Pascaline Vallée

Médiation

01.10.22

collège Rosa Parks 44190 Clisson

organisé par Bettina Saroyan encadré par collectif Bonus

« Samhain de A à Z en passant par T », un projet d’éducation artistique et culturelle de Bettina Saroyan

Ayant fait une partie de ses études en Irlande, l’artiste Bettina Saroyan a proposé un atelier pédagogique aux couleurs du folklore gaélique pour célébrer Halloween avec des collégiens de l’école Rosa Parks, Clisson. Samhain est une fête païenne celtique qui célèbre la fin des récoltes et le début de l’hiver. (…)

Ayant fait une partie de ses études en Irlande, l’artiste Bettina Saroyan a proposé un atelier pédagogique aux couleurs du folklore gaélique pour célébrer Halloween avec des collégiens de l’école Rosa Parks, Clisson.

Samhain est une fête païenne celtique qui célèbre la fin des récoltes et le début de l’hiver. Largement célébrée en Irlande et Écosse, elle donne naissance par amalgame à Halloween. D’une durée originelle d’une semaine, elle s’accompagne de plusieurs manifestations folkloriques comme la pêche aux pommes, la dégustation de noisettes, le déguisement et les feux de joie.

Au programme de la teinture végétale (betterave, oignons, noix) de fibres naturelles (coton, lin, soie, etc le plus possible récupérées), le tissage d’un masque avec ces mêmes fibres et des lianes pour se fondre parmi les Aos Si (‘esprits et fées’) qui débarquent pendant la période de Samhain. Puis la découverte de la culture gaélique et irlandaise, de son vocabulaire et des mots anglais, et enfin la mise en scène en vidéos, photos, défilé ou feu de joie comme le veut la tradition.

Ces ateliers sont réalisés dans le cadres des EAC département.