Le 20 juin dernier, de 20h à la tombée de la nuit, s’est tenu un banquet funéraire au cœur de l’Arboretum – Cimetière Parc de Nantes. Cet événement marquait la restitution d’un projet de création de territoire mené par les artistes Eva Habasque et Margaux Bisson et porté par le Collectif Bonus.
D’avril à juin, les deux artistes ont tissé des liens avec le territoire en partenariat avec 4 associations partenaires, spécialisées dans l’accompagnement au deuil et les rituels funéraires : Plan 9, EKR France, Naître et Vivre, De l’ombre à la lumière (Collectif National des morts de la rue). Margaux Bisson a œuvré à la conduite d’entretiens et à l’écriture, tandis qu’Eva a conçu la scénographie et la création éditoriale. Elles ont rencontré les habitant·es, bénévoles, professionnel·le·s funéraires, lors d’ateliers cuisine dans les maisons de quartier La Locomotive et La Mano, d’un atelier de fabrication de drapeaux commémoratifs, et de moments conviviaux. Elles ont aussi rencontré les agent·e·s du cimetière et gestionnaires de la biodiversité.
Ces échanges ont dessiné les contours d’une première performance pour la série Je suis venu·e te manquer – Voyage dans une écologie de la mort. Cette création participative prenait la forme d’un banquet de funérailles… pour une lièvre empaillé ! À partir de cette situation a priori absurde, les artistes ont revisité les liens historiques entre le tabou de la mort et la domination du vivant dans la construction de la modernité européenne. Récits, recettes, objets, gestes ont ponctué ce rituel qui remet la finitude sur la place publique, entre deuils intimes, collectifs, humains et non-humains.
L’action était située à l’Arboretum Cimetière Parc de Nantes, mêlant sépultures, ménagement de la biodiversité, collection arboricole et potager urbain. Ce cadre enchanteur répondait à la relation symbiotique entre morts et vivant·e(s), que les artistes ont souhaité mettre en avant.
La soirée a débuté par une présentation des recherches artistiques, suivie d’une procession avec chants, tambour, drapeaux, gestes rituels, recueillement et nourriture. Nous avons rejoint la table dressée pour le banquet dans le potager du cimetière, à la lisière d’une zone sauvage. Jusqu’à la tombée de la nuit, le repas fut composé de propositions culinaires par les artistes et de plats apportés par les convives, en écho à un·e défunt·e, une expérience de perte ou un souvenir réconfortant. L’ensemble de la soirée fut ponctuée de chants par l’ensemble vocal À Tempo, d’un rituel conçu par La Clef Unique représentée par Fanny Lanoë (officiante et accompagnatrice), de poèmes, de récits personnels, et de prises de parole des associations partenaires.